3 décembre 2025

Pourquoi j’écris

Je suis autrice.
Et si j’écris aujourd’hui, c’est parce qu’à un moment de ma vie,
me taire aurait fini par me détruire.

Les mathématiques ont été mon premier refuge.
Enfant, elles étaient le seul endroit stable et fiable
quand tout vacillait autour de moi.
Elles ne sont jamais devenues « un métier »,
mais elles ont été un monde où je pouvais respirer, comprendre, exister.
J’ai poursuivi un doctorat, et j’ai même publié un théorème à l’Académie des sciences.
C’était une manière de me tenir droite, de me construire un espace à moi.

Pour survivre, j’ai enseigné.
Non par vocation, mais pour payer mes études, puis pour tenir debout.
Ensuite, j’ai travaillé dix années chez IBM, où j’ai appris le management, la responsabilité,
et la force tranquille que l’on prend quand on doit assurer pour les autres.
Plus tard, j’ai créé ma petite entreprise.
Tout cela m’a permis d’avancer —
de fonctionner, avec une carapace.
Jusqu’au jour où ça n’a plus suffi.

On peut rebâtir sa vie cent fois
et retomber dans le même abandon.
Ce jour-là, il ne restait plus rien que la douleur.
J’étais incapable de crier.

Alors j’ai écrit.
Par nécessité.
Pas par ambition.
Et peut-être aussi parce que je n’avais jamais su me faire entendre autrement.
Mes mots existaient, mais ma voix ne portait pas encore.
L’écriture a été le premier endroit où mes mots ne se sont plus perdus.

J’ai traversé trois mondes de création :
les mathématiques, qui m’ont donné un refuge hors du monde humain,
l’entreprise, qui m’a plongée au cœur de l’humain,
et l’écriture, qui est devenue un pont entre les deux.

Trois mondes très différents,
qui m’ont demandé les mêmes forces :
l’audace, l’intuition, la rigueur, l’endurance…
et cette capacité profondément humaine
d’accepter d’être transformée.

Je n’ai pas tenu debout par force.
J’ai tenu parce que j’ai accepté de changer.
C’est tout.